Dans la ligne de mire : Courtès et le Commonwealth/ Personnalité diplomatique Locale: Avec le Brexit au cœur du débat diplomatique international, The Bridge Magazine trouve opportun d’interviewer Célestine Ketcha Courtès, l’un des maires les plus influents dans le monde.
27 July 2016
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Après avoir été parmi les 100 maires du monde à être invités par le Secrétaire Général de L’Organisation des Nations Unies (O N U), M. Ban Ki-moon, pour débattre des objectifs de développement durable, Célestine Ketcha Courtès s’ouvre à The Bridge Magazine.
Derrière le sourire radieux et le visage enjoué de Mme Ketcha Courtès se cache un personnage charismatique, rigoureux et tenace. Madame le Maire de Bangangté est constamment mue par le souci de la perfection.
Mieux connue comme le Maire qui collectionne les titres honorifiques en série, au Cameroun et partout le monde, Mme Ketcha Courtès nous dit d’où lui vient ce sens poussé de l’engagement, cet acharnement au travail. Cette détermination de redorer la place de la femme dans la société, de développer Bangangte, le Cameroun, l’Afrique tout court.
Elue à Johanesbourg en Novembre 2015 Présidente des Femmes Elues Locales d’Afrique, Championne CGLU de la Coopération au Développement, Mme Ketcha Courtès se taille désormais une place de choix dans la sphère diplomatique Locale et internationale grâce à son travail.
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Il y a de l’espoir dans l’air pour les pays du Commonwealth
Dans le journal britannique The Telegraph, l’activiste Tamara Chabe, militante en faveur du Brexit, soutient son point de vue avec véhémence en ces termes:
« Les taux de croissance au sein de l’Union stagnent tandis que de nombreuses économies du Commonwealth et plus largement de l’Anglosphère sont en pleine croissance… Outre les principaux partenaires commerciaux de la Grande-Bretagne, le Brexit aura des conséquences sur le continent africain d’où est originaire le plus important contingent de pays membres du Commonwealth. »
Comme pour renchérir les propos de Sir Winston Churchill au General De Gaulle
lors d’un échange houleux en 1944:
“Si la Grande-Bretagne devait choisir entre l’Europe et le grand large, elle choisirait toujours le grand large”.
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Célestine Ketcha Courtès, figure emblématique du pont culturel entre les nations.
Hybride culturelle et intellectuelle, Madame le Maire est restée conservatrice dans l’âme. Elle n’a pas été victime du choc des civilisations et des cultures malgré le cumul de ses fonctions administratives et de ses responsabilités traditionnelles de Reine mère dans la commune de Bangangté.
Elle est la Grande Royale Moderne. La Grande Royale : cette métaphore est un emprunt à Cheikh Hamidou Kane dans son roman intitulé L’Aventure Ambiguë.
Mais nous ajoutons ‘moderne’ pour différencier Madame le Maire de Bangangté de la Grande Royale des Diallobés.
Car si la Grande Royale de Cheikh Hamidou Kane était soucieuse de perdre les générations à l’école européenne, Célestine Ketcha Courtès (Grande Royale Moderne) par contre a pu concilier la tradition au modernisme d’entrée de jeu.
L’école et la civilisation occidentale n’ont pas tué en Madame Ketcha Courtès « ce que nos ancêtres aimaient et chérissaient tant ». Elle est restée elle-même.
Elle est de ceux qui comprennent que c’est primordial de reconnaitre ses origines.
Car quand on sait d’où on vient, on appréhende bien son présent et on se projette mieux dans l’avenir. Par ricochet on projette mieux l’avenir de ses populations locales, de son pays, de son continent tout court.
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Le Brexit : Fallait-il ? Fallait-il peut-être pas ? Cette question qui brûle les lèvres est désormais surannée, obsolète. The Bridge Magazine l’aborde désormais sous un angle différent.
Les dés sont jetés. Passons au vif du sujet. Le Cameroun / l’Afrique au cœur du Brexit.
– Que pensez-vous de l’avenir du Cameroun en particulier et de l’Afrique en général, après cette affirmation de Tamara Chabe, dans The Telegraph ?
Je n’ai pas forcément la connaissance, la compréhension sur un tel sujet pour répondre précisément à votre question. Le peuple britannique s’est prononcé, l’esprit démocratique veut que cette décision s’impose.
Concernant le Cameroun, les accords commerciaux entre l’UE et le Cameroun ne s’appliqueront plus avec la Grande Bretagne. Rien n’empêchera le Cameroun et la GB de convenir d’accords particuliers sur les produits agricoles par exemple, le Cameroun étant membre du Commonwealth. Donc l’impact à moyen terme sera quasi inexistant j’en suis convaincue.
‘‘Le Brexit donne une grande opportunité à la Grande-Bretagne d’embrasser le Commonwealth, de devenir une nation internationalement autonome dans ses échanges commerciaux’’.
La Grande Bretagne dans l’Union Européenne rayonnait sur le monde entier avec le Commonwealth. La sortie de l’UE ne donnera pas de nouvelles libertés pour accroitre cette forte influence économique et culturelle sur l’Afrique.
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Il y a vous, à Bangangté, Mme Anne Hidalgo à Paris (qui est proche de vous faut-il le rappeler ?) Maintenant Theresa May qui succède à David Cameron. Le monde diplomatique serait-il séduit par le doigté des dames, à gérer la chose étatique (ou gouvernementale) ?
En matière de genre n’oublions pas la Chancelière Angela Merkel. Vous noterez que Bangangté est aussi en partenariat actif avec l’Allemagne, qui nous accompagne dans les investissements sociaux et dans l’amélioration de nos compétences.
3- Que pensez-vous de la succession de Theresa May à la primature du Royaume Uni ?
Madame Theresa May a été choisie par le parti, pour ses compétences et la confiance qu’elle inspire aux députés.
En tant que Présidente des Femmes Elues Locales d’Afrique, Championne CGLU de la Coopération au Développement, nous avons fait un plaidoyer appuyé à tous les niveaux lors de la préparation de l’architecture Post 2015 pour une plus grande implication des Femmes dans la gestion des Etats à tous les niveaux. Madame May est une femme, je m’en réjouis.
Elle aura dans les prochains mois, comme son Ministre Boris Johnson, fort à faire avec la négociation de partenariat avec l’UE, avant de consacrer du temps et de l’énergie avec les Pays du sud.
4- Parlez-nous de votre enfance, votre adolescence, de votre meilleur souvenir d’enfance.
J’ai eu une enfance heureuse, faite de challenges et d’envie d’impressionner mon père qui fit de moi dans une grande fratrie son homonyme direct.
En effet fille de fonctionnaire j’ai grandi dans plusieurs villes au gré des affectations de notre père. Pour expliquer l’homonymie avec mon père, il faut dire qu’au Cameroun l’on est libre d’attribuer à la naissance d’un enfant un nom n’ayant aucun lien avec le nom des parents. Ainsi, polygame, notre père jusqu’à ma naissance donnait les noms des amis et connaissances aux enfants.
A ma naissance il décida de m’appeler Ketcha comme lui et de me donner comme prénom celui de son frère aimé le Prince Ngongué Célestin, c’est ainsi qu’à l’état civil je suis la seule de tous ses enfants à porter seulement ce nom Ketcha.
Cette décision de plusieurs témoignages fit problème avec ma mère qui trouvait que notre père avait pris une très mauvaise décision de donner son nom à une fille qui dès son mariage allait voir ce nom s’effacer devant celui de son époux.
Peut-être avait-elle raison ? J’ai en tout cas essayé de lui donner tort en priant mon époux Courtès de bien vouloir lier les deux noms de famille aussi bien pour moi que pour nos deux filles. Nous sommes donc à l’état civil Ketcha Courtès. Ce qui m’honore aussi c’est qu’au Cameroun à travers moi l’on compte maintenant des centaines d’homonymes, donc des Ketcha. A Bangangté il y en a à profusion, filles et Garçons.
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Quel était votre jouet préféré (ou jeu) d’enfance et pourquoi ?
Je n’ai pas souvenir d’un jouet particulier mais il se dit également que seule fille de ma mère j’avais des attitudes de garçon manqué en grimpant dans les arbres.
Fille de fonctionnaire modeste je me souviens par ailleurs des vacances chez notre grand-mère où j’avais plaisir à coiffer la barbe d’épis de maïs en lieu et place de poupées. En tout cas il ne fallait pas grand-chose pour être heureuse ; malheureusement ce bonheur n’a pas duré longtemps, car notre père décède très tôt alors que je n’ai que 14 ans.
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Parlez-nous de votre parcours académique, votre cursus universitaire.
Au décès de notre papa c’était un peu la débandade pour les enfants. Les filles sont allées dans leur grande majorité en mariage de manière précoce, je me suis retrouvée avec maman à Bangangté et inscrite au lycée classique.
Afin d’échapper au mariage forcé à un Chef par mon grand-père le Roi Njiki François, je vais me retrouver au lycée de Foumban avant de retourner au lycée du Manengouba. Je suis donc titulaire d’un Baccalauréat A4 Allemand, d’un BTS techniques Commerciales option Marketing puis d’un Diplôme d’Ecole Supérieur de Commerce à l’ESSEC de Douala. Je suis donc un pur produit du Cameroun.
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Le fait d’être non seulement une femme d’affaires mais aussi d’avoir fait de hautes études commerciales ne vous prédisposait-il pas déjà à une brillante carrière diplomatique ?
Je ne suis pas dans la carrière diplomatique, mais je porte des idées, je fais des plaidoyers pour la décentralisation, pour l’accès des populations aux services
essentiels et pour la reconnaissance de la capacité des femmes à compétence égale d’exercer les même activités que les hommes.
Je m’efforce d’écouter, de comprendre pour mieux répondre aux besoins des populations, pour aller vers un développement durable. Ensuite, les besoins étant identifiés, je mets toute mon énergie pour trouver les ressources nécessaires à l’action. C’est un travail d’arbitrage, de médiation dans lequel il faut convaincre. Quelque part cela porte sur la diplomatie locale.
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Vous êtes née pour gérer, née avec un bâton de pèlerin à la main on pourrait dire. Parlez-nous un peu de votre fonction de Maire de Bangangté et de Présidente du Réseau des femmes élues locales d’Afrique (REFELA).
Née pour gérer peut-être pas. L’environnement dans lequel j’ai évolué m’a donné envie de chercher à prouver et à convaincre. Mon éducation de par mes parents m’a forgée pour la quête permanente de résultats et de l’amour de l’autre. Malgré lesmoyens modestes de papa nous vivions avec de nombreux enfants de familles démunies qu’il adoptait parfois même sans lien de sang.
La fonction de Maire de Bangangté a été pour moi une occasion en or d’améliorer l’environnement dans lequel j’ai vécu au décès de mon père, faisant parfois des kms pour aller chercher de l’eau avant les 7 kms qui me séparaient du lycée.
Cela a été l’occasion d’accompagner la soif de notre Président S.E.M Paul Biya que j’écoute avec beaucoup d’attention depuis des années, de changer, d’améliorer les conditions de vie des populations.
L’amour de l’autre, du service rendu et de la disponibilité à écouter et compatir face aux problèmes des autres, hérités de notre père ont facilité les choses. Je suis donc à Bangangté en permanence au service et à l’écoute des populations. Pareil pour les Femmes Maires d’Afrique qui m’ont portée sans que je le sollicite à la tête de cet important Réseau.
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Qu’est-ce qui vous fait rire ? Qu’est-ce qui vous attriste ?
Je suis comme tout le monde. Une bonne blague me fait rire. Dans ce monde en folie, chaque occasion de joie, de rire est à prendre à pleins bras.
La détresse, la misère, particulièrement des enfants me peinent, me bouleversent mais aussi la méchanceté me peine de même qu’elle peut me faire rire. Je ris parfois de l’ignorance des méchants qui en cherchant à faire du mal montrent leur méconnaissance et croient qu’ils échapperont au jugement des hommes, du divin et de l’histoire.
Dans ce monde moderne où communiquer est chose bien facile je suis désespérée de voir ces fous qui pour se faire entendre passent par la violence et par le crime, comme au moyen âge. A un moindre degré quand j’ai vu lors des manifestations de 2008 dans notre pays des jeunes instrumentalisés casser, casser les biens communs j’en étais malade. Malade au point d’être à Bangangté face à eux, me retrouvant en train d’enlever des pneus usés amassés sur le bitume prêts à accueillir le feu.
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Aimez-vous votre travail ? Pourquoi ?
En mairie, dans mes actions pour expliquer les bienfaits de la décentralisation, pour toutes les actions qui contribuent à un meilleur avenir pour les populations, je n’ai pas l’impression de travailler. Mes convictions, la passion qui en découle me donne l’énergie, une volonté d’agir qui ne se trouve qu’exceptionnellement dans le monde du cadre salarié.
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Qu’est-ce qu’il y a de plus gratifiant dans vos différentes fonctions ?
Le regard des personnes secourues, la reconnaissance des populations qui se traduit par l’amélioration des scores aux différentes consultations.
Elu en 2007 à 73% nous avons été reconduits au 2ème mandat en 2013 à près de 86% avec plusieurs listes de partis d’opposition en face avec l’appui des mécontents suite aux primaires dans mon parti, qui ont spéculé et fait campagne avec l’opposition sur ma nationalité, en quelque sorte sur ce que j’ai appelé le délit d’amour ; du coup le fait d’être mariée à un français devenait pour certains une menace.
Mais les populations ont tranché pour mon plus grand bonheur. L’autre élément de gratification en plus des reconnaissances nationales et internationales c’est le soutien du Président National de mon Parti le RDPC et par ailleurs Président de la République S.E Monsieur Paul Biya, et les plus hautes instances du Parti de même que son Epouse S.E Madame Chantal Biya, Présidente d’Honneur du Réseau des Femmes Elues Locales d’Afrique, du Cameroun.
Les résultats sont aussi Le fruit de l’important accompagnement de Ma Tutelle Le MINATD ce qui est gratifiant et encourageant.
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Quels sont les problèmes cruciaux auxquels sont confrontés les habitants de la commune de Bangangté ?
Les besoins restent nombreux malgré les efforts de l’Exécutif Municipal que j’ai l’honneur de conduire. Il s’agit de l’accès aux services essentiels (Eau, Assainissement, éducation, Soins de Santé, désenclavement, énergie etc…) et du développement d’un secteur privé apte à accroître les ressources propres locales. Ces problèmes sont fort heureusement répertoriés dans le Plan de Développement Communal actualisé (PCD) mis sur le site de la commune : http://www.communedebangangte.net/
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Vous avez toujours le visage radieux, le sourire aux lèvres. Dites-nous quel est votre secret ? Comment arrivez-vous à concilier votre vie familiale et votre carrière diplomatique, sans oublier celle de femme d’affaires de haute sphère?
Sauf comme je l’ai vécu en début d’année, quand la douleur du deuil vous envahit, qui vous déborde, il y a une pudeur qui s’impose, qui vous oblige à ne pas ennuyer vos interlocuteurs avec vos soucis. C’est l’éducation que j’ai reçue. Cette réserve, cette forme de pudeur, est parait-il assez british….
Les femmes, c’est un des avantages du genre, savent faire plusieurs choses en même temps. Plaisanterie certes, mais je m’efforce pour ma famille d’être très disponible quand je suis physiquement présente, et accessible lors de mes déplacements. Si mes activités professionnelles ou politiques venaient à mettre en péril ma famille je ferais immédiatement l’arbitrage.
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Votre plus beau souvenir ? Votre souvenir le moins beau ?
La naissance de mes filles. Le plus mauvais c’est aussi l’opposé de la naissance, c’est donc le décès de notre père qui m’avait terrassée, j’avais pensé au suicide, mon idole s’en allait et l’horizon devenait sombre, incertain voire inexistant. J’ai ressenti la même chose au décès de maman et de ma marraine Mafeu Silikam.
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La place des femmes, “des mamans de l’humanité’’ pour vous reprendre, dans les gouvernements, en société tout court.
Au Cameroun le Chef de l’Etat, Président du Parti RDPC, a par des instructions
claires à la veille des deux dernières élections prescrit 30% de femmes dans les Conseils Municipaux, voire la parité.
Grâce à cette action salutaire, l’on est passé d’une dizaine de Femmes Maires avant 2007 à 24 Femmes Maires en 2007 puis à 31 en 2013 soit 8% des 374 Maires et Délégués de Gouvernement que compte notre Pays et plus de 30% de Députés Femmes au Parlement Camerounais. Il faut dire que si les chefs d’autres Partis avaient fait de même que le Président Paul Biya ce ratio serait bien plus que cela.
Il y a eu en dix ans une belle progression de femmes en responsabilités politiques. Aujourd’hui au Cameroun toujours sur l’impulsion du Chef de l’Etat nous avons des femmes Préfets, Ministres des Ministères techniques, Commandants de Légion de Gendarmerie etc… Continuons en prenant garde de choisir une femme pour ses aptitudes et pas parce que c’est dans l’air du temps.
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Votre vision pour les activités caritatives.
La générosité de ceux qui ont quelques ressources disponibles est toujours utile pour résoudre ponctuellement des situations dans lesquelles les règles générales de solidarité étatique sont impuissantes.
Ce qui m’impressionne toujours fortement c’est de constater que souvent des donateurs font leurs dons dans la discrétion, sans calcul politicien. J’ai en tête une école entièrement financée par des dons et qui est dédiée aux enfants, aux filles de Mbororos.
Peu de gens savent que cette école est juste à côté de notre commune de Bangangté et que les donateurs sont de Bangangté. Ma maman était une reine des activités caritatives et c’est bien pour cela que j’ai choisi lors de ses obsèques de continuer par la création de la Fondation « La Case à la Table Ouverte de Maman Pauline ».
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Comment occupez-vous votre temps libre ? Parlez-nous de vos loisirs.
Je ne prends plus le temps pour jouer au golf ou piloter un avion de tourisme. Mais il m’arrive de prendre le temps du tourisme, souvent gastronomique d’ailleurs, en famille. Faire découvrir des lieux chargés d’histoire à nos filles est souvent l’occasion de changer de rythme et d’activité.
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Qu’est-ce qui vous passionne le plus ? Votre genre musical.
En matière de musique le genre country me relaxe particulièrement. Les rythmes dansants comme le rock m’attirent toujours.
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Votre repas préféré. Votre couleur préférée et pourquoi ?
Le condré, plat typiquement de Bangangté, mais aussi le confit de canard, plat très raffiné et gouteux du sud-ouest en France. Je ne saurais dire que j’ai une couleur préférée mais le contraste, l’assemblage du vert des végétaux et du rouge de la latérite m’a toujours charmée associé à la couleur Or.
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Quels sont vos plus grands efforts et ce qui vous cause le plus d’anxiété dans votre vie ?
Pour les efforts il faut dire l’amélioration des conditions de vie des populations, accompagner le Chef de l’Etat et le Ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana à lutter contre la vie chère.
L’anxiété vient des ravages du mensonge.
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Dites une chose sur vous-même qui surprendrait la plupart des gens.
Je ne pense pas entretenir de zones d’ombre me concernant et ne saurais répondre peut-être tel que vous attendez à cette question. Cependant deux ans après un passage à Actualité Hebdo à la télévision camerounaise, une femme m’avait remerciée d’avoir changé sa relation avec sa fille unique. En effet j’avais dit mon plaisir à natter mes filles et assise avec sa fille devant la télé, celle-ci lui demanda
« Maman Madame le Maire natte ses filles et toi pourquoi m’envoies-tu au salon de coiffure ? » Depuis lors, le dimanche est un vrai moment entre les deux. Mais ce qu’ignorait la dame c’est que j’adore aussi faire le ménage et si je déclare que je lave mon sol à la raclette j’aurais peur qu’on demande aux mamans de le faire. Vous voyez, malgré mes apparences très publiques je suis aussi une maman et une femme qui s’occupe du foyer.
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Que planifiez-vous d’accomplir dans les années à venir ?
J’ai d’importants projets pour ma commune. Le centre de dépotage avec un service
de gestion de boues, de vidanges, premier du genre en Afrique ; la construction d’un stade omnisport avec la contribution de la Fecafoot et du secteur privé porté par les camerounais de la diaspora américaine ; la construction de l’Hôtel de Ville digne de la ville 1er Prix Feicom de Meilleures Pratiques Communales de Développement Local, prix des Nations Unies du service public ; la construction du Marché Central avec le puissant appui de la coopération allemande et plein d’autres petits projets proches des populations tel que les lavoirs publics, les espaces verts de promenade et détente ; l’éclairage solaire etc……
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Avez-vous une idole politique, une source d’inspiration ?
Naturellement c’est mon Président S.E.M Paul Biya qui tient de mains de maître ce Cameroun si difficile. Homme de paix, calme, posé, fin, aguerri et averti, patient, sage, humble ; il faut que j’arrête car je lui trouve tellement de qualité. Côté femme c’est Simone Weil qui pour moi donne l’image que je souhaite sur la capacité des femmes à faire, à réussir.
Ma source d’inspiration ce sont ces personnages politiques sus cités et ma défunte maman dont l’extrême générosité frisait le défaut.
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Le problème d’eau restera toujours crucial même dans les grandes métropoles du Cameroun, d’Afrique. Comment avez-vous pu réaliser le défi d’étancher la soif des populations dans les villages de la commune de Bangangté ?
J’ai été élue à la tête de la commune en 2007. J’ai trouvé dans les tiroirs une formidable étude du Programme National de Développement Participatif, qui mettait clairement en évidence que pour 23 des 25 secteurs de la commune analysés, les populations mettaient en première priorité l’accès à l’eau potable. Nous avons pendant six mois mis à contribution deux ingénieurs, en thèse de doctorat à Polytechnique Yaoundé pour affiner notre compréhension et mieux quantifier ce vaste problème.
Ensuite avec l’exécutif de ce premier mandat nous avons recherché les partenariats possibles. Notons que l’Etat à l’époque avait depuis quelques années incité les collectivités à établir de relations directes de coopération à la faveur de la décentralisation en cours. Nous avons rencontré la fondation Véolia grâce à une élite de la diaspora, puis nous avons intégré l’Association de Maires Francophones.
Un
tour de table a permis l’adhésion de l’AESN et le SIAAP, le projet (MODEAB) de Maitrise d’Œuvre de Distribution d’Eau de Bangangté est né. Le don de ces organismes est de plus d’un milliard de fcfa et l’Etat a apporté sa précieuse contribution par une décision du Premier Ministre qui a défiscalisé les investissements de ce projet.
Nous avons pu réhabiliter le réseau d’eau scan water dans 6 groupements avec la Commune de Bangou en intercommunalité, mettre sur pieds un mini réseau solaire à Sanki et construire des latrines écologiques dans les écoles et les marchés.
Le plus important a été le Service de pérennisation des ouvrages mis en œuvre notamment pour ce qui est de l’eau du Service Public de l’Eau, et pour l’assainissement les Comités d’Education à l’Environnement. Ce projet a maintenant un prolongement avec le SIAPP pour l’assainissement avec le entre de dépotage cité plus haut qui sera il faut le répéter le premier en Afrique centrale.
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Imperturbable, acharnée au travail vous avez le souci de la perfection on pourrait dire. Vous ne vous contentez pas d’être Maire du chef-lieu du département du Ndé (dans la région de l’Ouest Cameroun).
Votre dynamisme vous fait collectionner des distinctions honorifiques nationales et internationales. Entre autres : Meilleure commune Feicom 2012 ; Prix ONU 2014 du service public ; deuxième meilleure commune d’Afrique 2015. La liste ne saurait être exhaustive.
Quels autres titres honorifiques avez-vous récemment reçu ?
Nous avons vu les bienfaits d’un bon diagnostic en 2007 avec l’analyse PNDP. Nous avons choisi d’exposer l’équipe municipale à un audit en visant une certification ISO 26 000 sur l’approche sociétale.
Le verdict est tombé en juin dernier. Bangangté avec un scoring de 480, est certifié ISO 26 000. Cela nous donne une formidable feuille de route pour les mois et années à venir. Nous allons encore mettre à contribution un ou deux jeunes diplômés de l’enseignement supérieur pour affiner notre plan de marche pour encore mieux servir nos populations.
Les libertés mais aussi les responsabilités données par les lois de décentralisation, voulues par le chef de l’Etat et le Ministre de l’Administration Territoriale, font que l’on ne peut plus en tant que maire avancer par intuition ou par saute d’humeur dans la conduite d’une commune.
Nous n’avons pas la science infuse. La certification ISO 26 000 est un outil diagnostic qui met en évidence les axes de progrès durable pour le bien-être des populations.
Dans l’attente du verdict de l’AFNOR nous étions un peu dans l’inquiétude. Nous sommes fiers du résultat. Cela nous motive pour l’avenir.
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En dépit de votre métissage culturel et intellectuel, vous restez conservatrice dans l’âme. On vous voit souvent drapée en costume traditionnel régalien, arboré des bijoux de l’Ouest Cameroun. Parlez-nous de vos responsabilités traditionnelles de Reine mère dans la commune de Bangangté.
Le Cameroun a cette singularité avec un pouvoir républicain qui cohabite avec les usages de la Tradition. Le chef traditionnel veille depuis des siècles à l’intérêt supérieur commun à long terme de ses populations. Cela est en parfaite harmonie avec les responsabilités des élus de la république. Je suis petite fille du Chef Supérieur Bangangté qui a régné de 1912 à 1943.
Je suis une élue de la république. Cette République avec son formidable système scolaire m’a formée, m’a donné le savoir pour être cadre en entreprise, puis dirigeante. Je suis fière de mon pays dans ses composantes républicaines et traditionnelles. Je n’ai jamais eu de contradiction, de dilemme entre cette culture ancestrale et la vie républicaine.
Les atouts des habits traditionnels me plaisent et sont pour la reine mère que je suis une façon de montrer encore une fois cette belle harmonie entre la force de la tradition et la vie moderne de la république.
Parler en détail de la vie de la reine mère serait bien long. Notons tout de même que le rôle principal est d’arbitrer et d’apaiser les tensions qui inévitablement peuvent apparaitre entre les personnes d’une même communauté culturelle surtout quand il y a comme à la chefferie un voisinage intense entre les personnes. De la diplomatie sans le savoir comme vous me le direz peut-être.
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Après avoir séduit Paris et New York, ce sera sans aucun doute le tour de Londres très bientôt. Comme qui dirait, Madame le Maire a plus d’une corde à son arc. Etes-vous prête à collaborer avec le Maire de Londres ?
Le Maire de Londres est issu de la diversité comme l’on dit. J’aurai plaisir à le rencontrer. Je ne sais pas, si comme le Maire de Paris il peut avoir le désir de coopérer avec le grand Sud.
Je ne pense pas avoir séduit Paris et New York, mais c’est vrai, j’ai le privilège de bien m’entendre et de voir souvent Anne Hidalgo maire de Paris.
Ces grandes capitales sont très importantes dans la coopération décentralisée. Nous ne négligeons pas les possibilités de rapprochement avec des villes de moindre importance telles que Fouesnant dans l’Ouest français et aussi Muntsingen en Allemagne.
Merci infiniment Madame le Maire de vous ouvrir à The Bridge Magazine.
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The editor